LE
MEDIUM EN PEINTURE ARTISTIQUE
Le MEDIUM
à travers les âges
Définition
Moyen de mettre les pâtes en œuvre.
Utilité
Evidemment indispensable à l'exploitation des possibilités
de la peinture à l'huile.
Attention
Ne pas confondre médium et véhicule qui est le liquide utilisé
pour broyer les pigments.
Le point
Avant « l'invention » de la peinture à l'huile attribuée à
Van Eyck la peinture appelée tempera est essentiellement constituée
de pigments et d'eau. Son séchage se fait par départ de l'eau,
c'est-à-dire rapidement. Le modelé est impossible. Tout au
plus, peut-on représenter des ombres par superposition de
couleurs ou par des hachures. Le résultat est une peinture
limitée à deux dimensions. La protection (vernissage) est
réalisée par application d'un liquide visqueux constitué d'huiles
cuites à haute température en présence d'ambre. Ce type de
vernis à l'ambre est courant à cette époque, mais sa viscosité
en rend son application très difficile. En été, d'ardents
rayons de soleil sont indispensables tandis qu'en hiver, la
proximité immédiate d'un feu est une nécessité. Il est aussi
très foncé. Plus tard, dans un manuscrit de 1620, de Mayerne
parlera d'une qualité claire obtenue « sans le brûler » comme
d'un secret perdu. En 1865, Jacques BLOCKX retrouvera la méthode
d'obtention de ce vernis encore proposé actuellement.
L'invention
- Van Eyck (1382 - 1441)
A cette époque on peint donc à l'eau et on vernit à l'huile.
La première découverte de Van Eyck sera qu'une essence volatile
-l'essence de térébenthine- permet l'application de ce vernis
à l'ombre ou en l'absence de feu. Il tiendra à garder jalousement
sa trouvaille en ne livrant jamais une peinture avant que
toute odeur ne puisse plus être détectée.
La seconde découverte de Van Eyck fut que le vernis mélangé
(par accident ?) à la tempera permettait la réalisation de
modelés et l'apparition en plan de la troisième dimension.
La peinture à l'huile était née. Non pas inventée, mais vulgarisée
par les frères Van Eyck.
Premier
médium au plomb - Antonello de Messine (1430 - 1479)
L'évolution de la peinture à l'huile est en route et la tempera
a déjà fait place à des pigments broyés aux huiles crues,
c'est-à-dire du point de vue de l'huile, comparable à ce que
l'on trouve aujourd'hui en tube dans le commerce. C'est un
grand progrès par rapport à la tempera, mais telle quelle
une telle couleur ne permet quand même pas grand'chose. Antonello
découvre que de l'huile cuite en présence de plomb peut former
une excellente pommade siccative et ductile, à condition toutefois
que la quantité de plomb soit supérieure à 25 %. Avec une
quantité inférieure à 25 % de plomb, le résultat reste un
liquide plus ou moins épais. Cette pommade, véritable vernis
au plomb, permettra non seulement d'obtenir des modelés plus
rapidement que Van Eyck, mais aussi de rendre les détails
les plus extrêmes ou les traits les plus fins. Sous les mouvements
de la brosse, le médium se liquéfie pour se figer aussi vite
lorsque ce mouvement s'arrête. Le plomb en contact avec les
pigments fera la qualité de la couleur.
Second
médium au plomb - Léonard de Vinci (1452 - 1519)
La pommade d'Antonello est foncée et altère les teintes claires.
Sa brillance et sa consistance épaisse ne permettent pas de
l'utiliser pour couvrir de grandes surfaces murales. Léonard
limite la température de cuisson en ajoutant de l'eau à l'huile.
Ainsi tant qu'il y a de l'eau, la température de l'huile ne
dépasse pas 100°C. Le résultat est une pommade claire plus
ferme, mais moins onctueuse. Il ajoutera alors 5 à 10 % de
cire d'abeille en fin de cuisson.
Médium
Vénitien (au plomb et à la cire)
Avec les Vénitiens, la recherche se déplace vers un médium
plus mat et plus ductile qui pourrait remplacer la fresque
(peinture à l'eau séchant vite) et permettre un travail plus
intellectuel par un temps de travail plus grand. L'huile est
cuite à haute température en présence de moins de 25 % de
plomb pour donner un liquide appelé huile noire. De la cire
est ensuite fondue dans l'huile. Le produit sera ainsi moins
brillant et mousseux permettant une grande rapidité d'exécution.
Rubens
(1577 - 1640)
Alors que dans le Sud l'Ecole Vénitienne garde jalousement
son secret jusque 1820 environ, dans le Nord, Rubens lui donne
sa dernière transformation importante. L'huile noire des Vénitiens
-liquide- est mélangée à de la résine mastic dissoute dans
l'essence de térébenthine -liquide aussi- pour donner une
gelée. Cette gelée qui est figée au repos, se travaille comme
de l'huile crue lorsqu'elle est sollicitée par la brosse.
Les couleurs se mélangent aisément sur la toile même et la
brillance du médium leur donne plus de vie encore. La rapidité
d'exécution est sans égal. Nous savons par les notes mêmes
de Rubens que la Kermesse du Louvre a été réalisée en 1 jour.
Sur fonds teintés qui est la pratique de l'époque, les ombres
seront transparentes et les lumières opaques. Vivantes sous
la lumière, les couleurs s'évanouiront dans l'ombre. Jacques
Maroger, restaurateur et peintre, a consacré sa vie à la reconstitution
de ce médium que l'on peut encore trouver chez les (très)
bons revendeurs spécialisés sous l'appellation Médium Maroger.
La réforme
et la disparition du médium
Fruit de ce mouvement né en Europe du Nord, les églises protestantes
sont austères et ne font plus vivre les artistes. Pour survivre,
ils se tourneront vers la peinture de genre. La technique
utilisée est toujours la même, mais les dimensions se sont
réduites et chaque Maître travaille seul dans son atelier.
Les jours du médium au mastic sont comptés car en l'absence
d'école, les derniers utilisateurs ne transmettront plus leurs
connaissances. Avec leur disparition fin du XVIème siècle,
disparaîtra la technique. Dans le Sud, le médium Vénitien
survivra jusqu'aux environs de 1820 avant de disparaître à
son tour. La voie est ouverte à la peinture moderne …
page précédente
|